Le XVe siècle en Italie était une époque marquée par des bouleversements politiques, religieux et culturels. Le Concile de Ferrare-Florence, convoqué en 1438 par le pape Eugène IV, illustre parfaitement cette période tumultueuse. Cette réunion exceptionnelle rassembla les représentants des différentes branches du christianisme, notamment les catholiques romains, les orthodoxes grecs et même quelques hussites, dans l’espoir d’apaiser les tensions doctrinalessurvenues suite au Grand Schisme d’Occident (1378-1417).
Avant le Concile de Ferrare-Florence, l’Église chrétienne était déchirée par des divisions internes. Le Grand Schisme avait divisé l’Europe occidentale en deux camps rivaux : d’un côté, les catholiques romains soutenant le pape à Rome et de l’autre, ceux soutenant le pape d’Avignon. Cette division fragilisait gravement l’unité religieuse, créant un terrain fertile pour les contestations et les mouvements hérétiques.
L’objectif principal du Concile était de mettre fin au schisme et d’établir une seule autorité papale. Eugène IV espérait également résoudre d’autres problèmes théologiques majeurs qui divisaient les catholiques romains et les orthodoxes grecs, notamment la question de la primauté papale et l’usage des images sacrées (la doctrine sur les icônes).
Le Concile s’ouvrit à Ferrare en 1438 et se déplaça ensuite à Florence en 1439. La ville toscane offrait un environnement plus propice aux débats diplomatiques. Le pape Eugène IV, fervent partisan de la réconciliation, encouragea les délégués à dialoguer ouvertement sur leurs différences. Les débats furent parfois houleureux, reflétant les siècles d’acrimonie et de méfiance entre les différentes confessions.
Les Débats Théologiques:
Le Concile aborda plusieurs questions doctrinales cruciales :
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La Primauté Papale: La question de l’autorité du pape sur les autres évêques était au cœur des tensions. Les orthodoxes grecs reconnaissaient le rôle prééminent du pape, mais ils refusaient sa supériorité absolue sur tous les autres évêques. Les débats sur ce sujet furent longs et tumultueux, sans aboutir à une véritable réconciliation.
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La Filioque: Cette doctrine latine concernant l’Esprit Saint stipulait que celui-ci procède du Père et du Fils, tandis que les orthodoxes grecs affirmaient qu’il procède uniquement du Père. La controverse sur la filioque fut l’un des obstacles majeurs à la réunification.
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Les Icônes: L’usage des images sacrées était sujet à de vives discussions entre catholiques romains et orthodoxes grecs. Les iconoclastes, mouvement qui émergea en Orient dans le VIIIe siècle, condamnaient l’utilisation d’images dans les églises, tandis que les autres chrétiens ortodoxes considéraient les icônes comme des objets sacrés permettant la contemplation divine. Le Concile reconnaissait l’importance des icônes pour la piété chrétienne.
Les Conséquences du Concile:
Le Concile de Ferrare-Florence ne parvint pas à réunifier complètement les différentes branches du christianisme. Malgré les efforts considérables déployés par le pape Eugène IV et les nombreux débats théologiques, les divergences fondamentales sur la primauté papale et la filioque persistèrent.
Néanmoins, le Concile eut des conséquences importantes:
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L’Union de Florence: En 1439, une “union” fut conclue entre l’Église catholique romaine et certaines églises orientales, notamment l’Église grecque. Cependant, cette union fut loin d’être universellement acceptée parmi les orthodoxes, qui la considéraient souvent comme une concession humiliante à Rome.
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La Diffusion des Idées Humanistes: Le Concile attira de nombreux érudits et artistes dans les villes italiennes, contribuant ainsi à diffuser les idées humanistes en Europe. L’atmosphère cosmopolite du Concile encouragea le débat et l’échange d’idées entre différentes cultures.
Conclusion :
Le Concile de Ferrare-Florence reste un événement historique complexe et fascinant qui reflète les tensions religieuses de son époque. Bien qu’il n’ait pas atteint son objectif initial de réunifier l’Église chrétienne, il a contribué à promouvoir le dialogue interconfessionnel et à diffuser les idées humanistes en Europe.
L’héritage du Concile continue d’inspirer les historiens et les théologiens qui cherchent à comprendre les origines des divisions religieuses et à trouver des moyens de favoriser la réconciliation entre différentes confessions chrétiennes.